Séparation de Michou et Elsa Bois: les conjointes d'influenceurs ...

Le youtubeur Michou et sa conjointe Elsa Bois ont annoncé leur séparation ce lundi, l'influenceur dénonçant une "vague de harcèlement" à leur encontre depuis "plusieurs mois". La danseuse a été la cible de nombreux messages sexistes en ligne, comme d'autres partenaires d'influenceurs.

"On a pris la décision mutuelle de se séparer en début d'année après une longue période de réflexion". Après trois années de relation et des semaines de spéculations sur les réseaux sociaux, le youtubeur Michou et sa conjointe Elsa Bois ont annoncé, ce lundi 17 février, leur séparation.

Dans un live sur Twitch dans la soirée, l'influenceur aux 10 millions d'abonnés sur Youtube a dénoncé "une vague de harcèlement depuis plusieurs mois" à leur encontre. "S'il vous plaît les frères, je vois tout et n'importe quoi sur TikTok, sur Twitter, des trucs, mais c'est de la pure désinformation", a-t-il déploré.

"Que ce soit envers moi, envers Elsa, n'allez pas inventer des rumeurs", a encore demandé le vidéaste.

Depuis plusieurs mois, la jeune femme est la cible sur les réseaux sociaux d'accusations - sans preuves - de tromperie. Dernière en date: certains internautes propage, là encore sans aucun élément, la rumeur d'une relation entre la danseuse de Danse avec les Stars avec son partenaire de cette saison, le nageur Florent Manaudou. Malgré l'appel de Michou, dans le chat sur Twitch lundi soir, de nombreuses personnes se sont ainsi montrées virulentes envers elle: "mérité le harcèlement", "elle a eu son buzz elle est contente", "tu t'es fait avoir Michou", pouvait-on par exemple y lire.

D'autres femmes ciblées

Elsa Bois n'est pas la seule à avoir fait les frais de son statut de conjointe d'influenceur. D'autres jeunes femmes sont régulièrement la cible de vagues de cyberharcèlement directement liées à leur relation amoureuse avec une personnalité d'Internet.

Chloë Gervais, tiktokeuse et podcasteuse en couple avec le deuxième plus gros youtubeur français, Squeezie, est régulièrement visée par des déferlantes d'insultes, simplement parce qu'elle sort en boîte de nuit ou qu'elle parle des célébrités qu'elle trouve belles. Sur Tiktok, elle ironise parfois comme lorsqu'elle note qu'on la traite de "pute" pour le simple fait "d'exister".

Léna Situations, youtubeuse aux près de trois millions d'abonnés, est elle aussi régulièrement cyberharcélée. Si beaucoup s'attaquent à son physique ou sa légitimité, elle est aussi ciblée pour sa relation avec le youtubeur Seb, lorsqu'elle est filmée en train de danser en soirée par exemple. La créatrice a elle-même déjà pointé le caractère sexiste de nombreuses insultes qu'elle reçoit, Seb ne subissant pas de son côté d'accusations de tromperies à tout-va.

Laure Salmona, cofondatrice de l'association Féministes contre le cyberharcèlement, est formelle: le cyberharcèlement qui vise ces femmes est sexiste. "Déjà, être une femme en ligne expose à du harcèlement", souligne-t-elle. "Et être une femme qui a une certaine visibilité parce qu'elle crée du contenu ou parce qu'elle est avec quelqu'un qui le fait, encore plus."

Selon un sondage conduit par l'institut Ipsos pour la Commission européenne en 2024, dans l'UE, une personne sur cinq est d'accord avec l'idée que si les femmes partagent leur opinion sur les médias sociaux, elles devraient accepter qu'elles suscitent des réponses sexistes, humiliantes et/ou abusives. Rappelons que le cyberharcèlement est un délit pour lequel la peine encourue est de deux ans de prison et 30.000 euros d'amende.

Du slutshaming et des stéréotypes sexistes

Le cas d'Elsa Bois est éloquent. Après avoir indiqué ne pas vouloir d'enfants dans l'immédiat, elle avait déjà été visée par une avalanche de critiques en octobre 2024, "comme un rappel aux normes patriarcales", souligne Laure Slamona. Les accusations d'infidélité renvoient, elles, au "stéréotype sexiste de la femme sournoise, à qui l'on ne pourrait pas faire confiance, qu'il faut toujours rappeler à l'ordre".

"C'est du slutshaming (le fait de déprécier une femme dont le comportement est jugé trop provocant et trop sexuel, NDLR), cela revient à culpabiliser les femmes pour leur attitude, leur personnalité. Il y a une forme de surveillance pour que les femmes en ligne respectent bien les normes que leur impose une société sexiste", déplore encore la coautrice du livre Politiser les cyberviolences (Le Cavalier Bleu, 2023).

Des femmes comme Elsa Bois, Lena Situations ou Chloë Gervais sont par ailleurs elles-mêmes des personnalités connues, avec une carrière florissante et qui revendiquent une certaine indépendance. Leur cyberharcèlement peut représenter un retour de bâton face à ce succès dans la sphère publique, avec l'objectif de les "réduire à la sphère domestique", à leur "fonction de conjointe", estime Laure Salmona.

"Une femme qui va être indépendante, qui va justement s'émanciper en tant qu'être humain, que personne qui va avoir son existence propre, avoir sa propre carrière, va être considérée comme dangereuse par la société patriarcale", estime-t-elle.

Quelles solutions face à ces violences?

Ces vagues de harcèlement comportent aussi une dimension financière importante. Comme le dénonçait Michou ce lundi, certains comptes y participent pour la rémunération qu'entraîne un contenu très partagé.

"Il y a des gens qui vont raconter des dingueries juste parce que ça fait du buzz, ça marche et ils veulent faire parler d'eux avec les moyens qu'ils ont", a fustigé l'influenceur.

Laure Salmona aussi pointe la responsabilité des plateformes, qui "imposent aux internautes des espaces qui se nourrissent de ces violences" en les monétisant. Ces messages ne généreraient toutefois pas d'argent s'ils n'étaient pas repris par une masse de personnes qui les approuvent.

Face à ces constats, l'association Féministes contre le cyberharcèlement émet plusieurs recommandations. Elle met d'abord l'accent sur la nécessité d'une "vraie volonté politique pour sensibiliser et lutter contre les discriminations sexistes et misogynes" ainsi que pour "l'éducation au numérique".

L'association demande aussi aux internautes, et notamment ceux qui sont très suivis, de "se rendre compte de la responsabilité qu'ils ont". "Tout ce qu'on dit pourra devenir viral et même si ce n'est pas forcément malveillant, cela peut conduire au cyberharcèlement d'une personne", souligne Laure Salmona. Et même pour le dénoncer, partager un message insultant contribue à lui donner de la visibilité. "On peut écrire un message pour dire qu'on n'est pas d'accord sans le citer spécifiquement", suggère-t-elle.

Pour enrayer les cyberviolences sexistes, "il y a une responsabilité des influenceurs à dénoncer les violences et leur caractère systémique", ajoute-t-elle, notamment lorsque leurs communautés enclenchent des dynamiques de "boys' club". "C'est important que les influenceurs hommes prennent la parole sur le sujet et parlent de son caractère misogyne, il faut nommer les choses pour les rendre visibles", martèle Laure Salmona.