«Bridget Jones»: faut-il avoir peur des «rom com»?

Abo«Bridget Jones», le retour –

Faut-il avoir peur des «rom com»?

À l’occasion de la sortie du quatrième volet de «Bridget Jones», on revient sur un genre prisé par le public, mais souvent méprisé par la critique.

Publié aujourd’hui à 09h31

Avant, on parlait de comédie romantique, de film d’amour, de comédie sentimentale, à la rigueur de mélodrame lorsqu’un métrage touchait à plusieurs genres. Aujourd’hui, la rom com (pour «romantic comedy») est presque devenue un genre en soi et vise généralement un public cible qui préfère les films à l’eau de rose aux univers auteuristes.

Sans tenir compte de ces titres de décennies passées devenus des classiques, comme «Ma femme est une sorcière» de René Clair, «New York-Miami» de Frank Capra ou «L’impossible monsieur Bébé» de Howard Hawks, on peut affirmer que le genre a connu son âge d’or dans les années 90. Avec ces films matriciels qu’ont été «Quand Harry rencontre Sally…», «Coup de foudre à Notting Hill» ou «Quatre mariages et un enterrement», se dégagent des codes presque communs à tous les titres qui en dérivent, qu’il s’agisse de resucées ou de métrages qui s’efforcent à être originaux.

Comme chez Lelouch, tout se centre en général autour d’un homme et d’une femme. Plus rarement deux hommes ou deux femmes, le genre s’aventurant très peu en dehors de la «norme hétérosexuelle» (exceptions que nous ne développerons pas ici). Entre eux, il est ensuite toujours question de coup de foudre. Et, le plus important, le scénario se doit de plaquer un vrai obstacle à cet amour. Il est de mille et une natures.

Distance géographique, différence d’âge, statuts incompatibles (l’un des deux est marié, par exemple, ou atteint d’un mal incurable), liaison virtuelle (dans «Her» de Spike Jonze, un homme a le coup de foudre pour une I.A. à la voix suave), et même périodes différentes, comme on le voit dans «Et si c’était vrai», adaptation d’un best-seller de Marc Levy, dans lequel un homme s’éprend du fantôme d’une jeune femme décédée. Enfin, il faut que les scénaristes s’arrangent pour que l’obstacle soit balayé et que le film se termine bien. Le public préférant toujours les contes de fées où les mariés vivent heureux et ont beaucoup d’enfants, c’est bien connu.

Une trentenaire gaffeuse

Dans le cas de «Bridget Jones», dont sort ce mercredi le quatrième volet, à deux jours de la Saint-Valentin, histoire de rappeler que tout cela n’est qu’une vaste opération de marketing, l’héroïne, contrairement à Julia Roberts dans le précité «Notting Hill» est à l’origine une trentenaire assez quelconque, bien en chair, gaffeuse et malchanceuse. ll n’en fallait pas plus pour que le public adhère et adore, prenant fait et cause pour un personnage féministe malgré elle et lancé dans des romances qu’elle couche sur le papier dans un journal intime, qui au départ donnait sa forme au film, et à présent est à peine évoqué.

La revanche sur la société s’avère un autre thème récurrent des rom com, qui aiment mettre en valeur des héros ou héroïnes que personne ne remarque pour les transformer en symboles d’une émancipation romantique qui réchauffe les cœurs et fait couler les larmes (souvent les deux). Avec les années – le premier «Bridget Jones» remonte à 2001 -, la trentenaire a pris de l’âge. Désormais quinquagénaire, elle peut s’assimiler à une cougar sur le registre de la séduction, ce que le scénario exploite sans trop se soucier de vraisemblance.

La plupart des rom com ont également en commun leur impersonnalité. Ce sont généralement des produits basiques, conçus par des faiseurs et non des auteurs, parfois montés autour de vedettes, dans un souci résolument commercial. On ne sait en général presque jamais le nom des cinéastes qui les ont mis en boîte. Savez-vous par exemple que les trois premiers «Bridget Jones» ont été réalisés par des femmes et que seul le quatrième volet est signé par un homme?

L’actu ciné

Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

1 commentaire