Mondiaux de ski alpin: Le droit d'être déçu pour Wendy Holdener?

Actualisé15. février 2025, 23:32

La Schwytzoise de 31 ans est encore passée à un souffle d'un titre international, aux Championnats du monde de Saalbach. Et ça fait presque un peu mal au cœur à force.

Wendy Holdener a déjà trois médailles d'or mondiales à la maison, c'est vrai. Elles ont toutefois toutes été gagnées en combiné et en parallèle par équipes mixtes. En tout, depuis ce samedi, elle compte la bagatelle de neuf podiums sur des Mondiaux. Ce qui en fait l'égale, mine de rien, d'une certaine Lara Gut-Behrami. Elle est une légende du ski suisse, punkt schluss. Et j'aurais aimé que celle qui ne compte que deux victoires pour 35 podiums en Coupe du monde (!) goûte à la plus haute marche, ce samedi, à Saalbach.

Oui, comme on est Suisse, on peut se permettre de chipoter. Les skieurs helvétiques sont si brillants lors de ces Mondiaux qu'on peut s'arroger ce droit. Il y a quelques jours d'ailleurs, certains soulevaient le fait que, certes, les représentants masculins de Swiss-Ski survolaient la compétition, mais que ce n'était pas franchement le cas des femmes. Ils ont vite été contredits après ce slalom de folie, qui a vu Camille Rast et Wendy Holdener mettre fin à 34 ans de disette suisse dans la discipline. C'était Vreni Schneider, déjà à Saalbach, en 1991.

Mais dans l'aire d'arrivée, quand on a été sûr que l'or du slalom féminin allait (enfin) revenir au pays, j'ai presque espéré que Camille Rast ne fasse «que» 2e. C'est horrible à écrire mais j'aurais adoré que Wendy Holdener, après tout ce qu'elle a apporté à son pays et avec toute sa gentillesse, en plus de tout ce qu'elle a traversé ces derniers mois, lève enfin les bras sur un grand événement en solo. Elle le mérite tellement que ça n'aurait été que justice. Et ses nombreuses larmes ont failli en tirer d'autres.

Mais elle, bien sûr, ne pensait pas du tout comme ça... «J'étais vraiment heureuse pour Camille et de tout ce qu'il se passait. Elle a skié si fort, elle le méritait. Sa victoire est méritée. Elle a très bien couru la première et la deuxième manche. Elle était meilleure que moi aujourd'hui (ndlr: samedi). Et puis vivre ça avec elle et entendre l'hymne suisse ensemble...» Comment voulez-vous ne pas aimer une athlète aussi forte, aussi humble, aussi... Suisse?

Ne vous méprenez pas. Le succès météorique de Camille Rast, qui n'a pas eu la vie facile depuis huit ans (ce n'est pas un concours, non plus...) et son titre de championne du monde junior à Are en 2017, est tout aussi mérité. La Valaisanne a souffert avant de toucher le Graal. Enfin au sommet planétaire, pour le moment. Car il y a des Jeux olympiques qui arrivent dans un an. Et ensuite? Des Mondiaux en Valais, pour lesquels la Valaisanne est d'ores et déjà sûre d'être qualifiée. On a le beau rôle, en Suisse, quand même...