UFC: comment le choc contre la légende Adesanya peut propulser ...

Numéro 5 du classement des -84 kilos de l’UFC, Nassourdine Imavov affronte l’ancien champion Israel Adesanya ce samedi en Arabie saoudite dans un combat historique qui pourrait le mener à une chance de titre en cas de succès (à vivre en direct et en exclusivité sur RMC Sport). Mais le "Sniper" tricolore pourrait aussi devoir patienter. Explications.

Il est tout proche. Mais les derniers pas vers le Graal sont les plus compliqués. Après avoir battu trois membres du top 10 des -84 kilos l’année dernière (Roman Dolidze, Jared Cannonier et Brendan Allen), Nassourdine Imavov fait face à un défi XXL et historique ce samedi en Arabie saoudite avec l’ancien champion de la catégorie Israel Adesanya. Une légende de l’UFC qui peut le rapprocher de son rêve de ceinture dans la plus grande organisation de MMA à travers la planète. Une victoire suffira-t-elle? La chose est plus compliquée. L’actuel champion, le Sud-Africain Dricus du Plessis, remet son titre en jeu une semaine après dans le combat principal de l’UFC 312 en Australie contre l’Américain Sean Strickland, à qui il avait pris la ceinture en janvier 2024 avant de la défendre victorieusement contre… Adesanya en septembre.

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Après ça, l’UFC a promis via la voix de son patron Dana White que le prochain à combattre pour le titre serait Khamzat Chimaev, ultra légitime après sa démonstration de force contre l’ancien champion Robert Whittaker en octobre avec une impressionnante soumission au premier round. Problème? Jusqu’à nouvel ordre, "Borz" ne peut toujours pas se rendre aux Etats-Unis en raison de ses liens avec le sulfureux dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov. Une situation forcément compliquée pour une organisation basée à Las Vegas et qui réalise une grande partie de son business sur le sol US. Chimaev avait promis que sa situation s’arrangerait avec l’élection de Donald Trump, proche de White et de l’UFC, mais aucune information dans ce sens n’est sortie depuis le retour au pouvoir du nouveau président américain.

Avec une UFC qui a déjà prouvé sa capacité à changer ses plans, la route pourrait donc s’ouvrir plus vite que prévu pour Imavov s’il passe – ce qui n’est pas gagné d’avance, soyons clair – l’étape Adesanya. Vu les travaux réalisés en un an, il l’aurait bien mérité. "Est-ce que je pense avoir ma chance pour le titre si je gagne? Bien sûr", répond l’intéressé au micro de RMC Sport. "Je peux même retourner la question aux fans. Est-ce que vous pensez pareil? J’ai enchaîné les combats, j’ai obtenu trois victoires contre trois membres du top 10 en sept mois… Est-ce que je le mérite? Je pense que oui. Mais tout dépend de ce combat-là et pour l’instant on est concentré sur ça."

"Le premier enjeu immédiat, c'est imposer son nom de manière mondiale", estime Nicolas Ott, son coach principal. "Nassourdine est connu comme un très bon combattant, un combattant du top 5 mondial. Mais quand tu as battu une légende, c'est encore un autre niveau. Le deuxième objectif, bien sûr, c’est la ceinture. Et il faut se démarquer pour la ceinture. Dans cette catégorie, tu ne peux pas te cacher car il n’y a que des tueurs dans le top 10. Et le niveau est exponentiel. Personne ne garde la ceinture dans la catégorie en ce moment et il y a une raison à ça. C’est très dur."

Battre Adesanya avant la limite, ce que seuls son grand rival Alex Pereira et Dricus du Plessis ont réussi en 28 combats de MMA dans sa carrière, serait un bel argument en sa faveur. Mais la mission ne sera pas facile face à un tel adversaire. Deux défaites de suite ou pas, l’ancien kickboxeur reste un grand spécialiste du striking capable de faire très mal avec ses poings et ses pieds. Mais Imavov, venu de la boxe et lui aussi très à l’aise debout, a des armes à faire valoir.

"Adesanya n’est pas dans sa période la plus resplendissante", pointe Nicolas Ott. "Ce serait mentir que de dire qu'il est aussi fort ou brillant qu'il l'était il y a quelques années. Il a perdu de sa superbe. Il y avait beaucoup de respect dans la façon dont les combattants s'opposaient à lui, comme Paulo Costa par exemple. Depuis Strickland, les combattants ont compris qu’il fallait mettre la marche avant car c’est un outil intéressant contre lui. Mais en aucun cas on ne sous-estime Adesanya.On sait qu'il est très fort et on s'attend au meilleur Adesanya possible. Mais on est là pour prouver qu'on n'a rien à lui envier dans aucun compartiment du MMA. On n'est pas là pour se faire dominer en pieds-poings. On est là pour imposer notre striking de manière très claire. Je n’ai aucun doute sur le niveau de Nassourdine en striking."

Du Plessis a aussi prouvé que l’ancien champion pouvait lâcher quand on le poussait très loin dans l’effort, autre clé possible. "Il faut pousser la machine", confirme Nicolas Ott. Qui ne doute pas de la motivation de leur adversaire même à ce moment de sa carrière: "C'est quelqu'un qui touche des millions à chaque combat. Mais dans ses dernières interviews, il avait l'air déterminé. J'ai senti que c'était vraiment un combat contre lui-même et qu'il avait envie de prouver au monde qu’il était encore là au travers du combat contre Nassourdine."

Adesanya, heureux d’affronter un nouvel adversaire qui dit avoir trouvé Imavov "légitime" après sa victoire sur son ancien challenger pour le titre Jared Cannonier en juin dernier, prend le "Sniper" tricolore au sérieux. "J’aime son style, il est très fluide", analyse-t-il au micro de RMC Sport. "Je veux le tester. Au premier round, ou peut-être dans les deux premières minutes, ce sera une bataille cordiale, une partie d'échecs éduquée. Ensuite, nous verrons quand il fera le premier mouvement ou la première erreur. Je serai là. Je ne ferai aucune erreur. Je l'ai pris au sérieux. Même s'il n'est pas un grand nom et qu’il ne dit pas grand-chose, je sais qu'il est très bon. Et je veux juste tester ça."

Ciryl Gane et Manon Fiorot ont déjà battu un ancien champion UFC dans l’octogone, Junior dos Santos pour le premier, Rose Namajunas pour la seconde. Mais si Imavov écarte un ancien champion au règne si long et dominant dans sa catégorie, l’exploit sera sans doute encore plus fort. Surtout dans un MMA tricolore qui s’est raté lors de la plupart de ses dernières grosses échéances avec Ciryl Gane contre Francis Ngannou puis Jon Jones ou Benoît Saint Denis contre Dustin Poirier. "Il veut faire quelque chose qui n'a jamais été fait dans le MMA français", lance Nicolas Ott. "Il est là pour faire péter le plafond de verre des combattants français et pour écrire l'histoire."

S’il y parvient mais doit passer après Chimaev pour le titre, celui qui n’a jamais refusé un défi aura une solution d’attente: prendre le perdant du Du Plessis-Strickland 2 pour asseoir définitivement son statut de challenger au titre. En espérant que ce soit l’Américain, qui l’avait battu début 2023 dans un combat monté en dernière minute (Imavov devait affronter Kelvin Gastelum mais ce dernier avait dû declarer forfeit sur blessure) et pour lequel il ne cache pas sa detestation et son envie de revanche après les insultes balancées à son encontre par Strickland.