Aufregerthemen Schliessen

Cinéma: Sophia Loren célèbre aujourd'hui ses 90 ans

Cinéma Sophia Loren célèbre aujourdhui ses 90 ans
L’actrice italienne a connu une gloire planétaire. Excellente comédienne, elle a hélas trop souvent paru dans des films manquant d’ambition.

Sophia Loren célèbre aujourd’hui ses 90 ans

L’actrice italienne a connu une gloire planétaire. Excellente comédienne, elle a hélas trop souvent paru dans des films manquant d’ambition.

Etienne Dumont
Publié aujourd’hui à 10h11

Sophia au Festival de Venise en 1955. Elle a 21 ans. Sa carrière est en pleine ascension.

DR.

Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio.
BotTalk

Je m’en souviens comme si c’était hier. En 1984, je signais dans la «Tribune de Genève» un article sur le double anniversaire de Sophia Loren et Brigitte Bardot. Elles fêtaient leurs 50 ans respectivement le 20 et le 28 septembre. Le texte était intitulé «Cent ans à elles deux». Le temps a passé depuis comme un éclair qui aurait tout de même connu ses moments de lenteur. Les deux actrices deviennent nonagénaires ces jours. Pour l’Italienne, c’est aujourd’hui. La Française attendra encore une semaine. Avec elles, c’est toute une génération qui prend de l’âge, avec ce que cela suppose comme rapport aux actrices de cinéma. Elles ont cessé en 2024 d’être des créatures mythologiques avec le fan-club assorti. Tout glamour a disparu. A moins d’être un peu masochiste, qui collectionnerait les photos de Sandrine Kimberlain ou d’Isabelle Carré?

Ambitions bien remplies

Quand j’écrivais en 1984, les carrières de Sophia et de Brigitte étaient déjà terminées, ou presque. Une règle non écrite veut que celles des stars féminines s’étiolent en milieu de quarantaine. Bardot avait annoncé sèchement sa retraite. On avait espéré que «la Loren» continuerait dans des rôles de composition après le triomphe d’«Une journée particulière» en 1977. Mais il n’en avait rien été. La femme s’était repliée sur sa famille, se contentant de faire des apparitions à la ville ou à l’écran. Ses ambitions semblaient remplies. Un triomphe professionnel. Un mariage difficilement acquis avec Carlo Ponti, déjà marié alors que le divorce n’existait pas encore au sud des Alpes. Puis il y avait eu deux enfants, nés après d’infinies précautions. Les gens de ma génération se souviennent des grossesses de Sophia à Genève, relayées comme d’interminables feuilletons par la presse internationale. Où en est-on?

«Dommage que tu sois une caille», 1954. Cette comédie extraordinairement cynique d’Alessandro Blasetti, écrite par Alberto Moravia, a beaucoup fait pour Sofia Loren, la future Sophia.

«Dommage que tu sois une caille», 1954. Cette comédie extraordinairement cynique d’Alessandro Blasetti, écrite par Alberto Moravia, a beaucoup fait pour Sofia Loren, la future Sophia.

DR.

C’est que Sofia Villani Scicolone, enfant naturelle grandie près de Naples, était devenue une vedette planétaire. Tout n’avait pas été facile, loin de là. La fillette trop grande et trop maigre (ses camarades l’appelaient «l’échalas») avait dû devenir une pulpeuse adolescente. Forte poitrine et hanches étroites. Rapidement figurante à Rome, il lui avait fallu tenter tous les «castings» possibles et imaginables avant qu’on lui donne sa chance. Notez que c’était tout de même en 1952. Elle avait obligatoirement accepté des «nanars» (je vous recommande «Deux nuits avec Cléopâtre») avant d’accéder aux films dignes de ce nom. On tournait heureusement beaucoup à Cinecittà en ce temps-là. Sofia (le «ph» viendra avec le passage aux Etats-Unis) participera ainsi à onze productions durant la seule année 1954, dont deux feront beaucoup pour elle: «L’or de Naples» et «Dommage que tu sois une canaille».

«La Ciociara» de Vittoria de Sica, 1961. Un Oscar pour avoir joué la mère et non pas la fille.

«La Ciociara» de Vittoria de Sica, 1961. Un Oscar pour avoir joué la mère et non pas la fille.

DR

Sophia était alors déjà liée à Carlo Ponti, qui visait plus haut pour elle. Habile commerçant, le producteur la voyait déjà à Hollywood, où elle atterrira effectivement en 1957. L’Amérique l’accueillera bien. Elle y tournera beaucoup, en général avec de vieux routiers proches de la fin, George Cukor restant pour sa part en pleine forme. Ses partenaires seront prestigieux. Ils iront de John Wayne à Cary Grant, Clark Gable, Gregory Peck, Paul Newman ou Marlon Brando. Mais «relookée» par les grands studios (qui élimineront notamment le côté légèrement bridé de ses yeux), Sophia avait perdu beaucoup de sa spontanéité. Toute aspérité s’était vue gommée. Un critique français écrivait alors, cruellement mais non sans justesse, que l’actrice «avait été momifiée par le dollar». On ne la voyait par ailleurs plus qu’en haute couture et couverte de bijoux ruineux dans les soirées mondaines.

Sophia revue par Hollywood, ici dans «Arabesque» de Stanley Donen. Toute aspérité s’est vue liftée.

Sophia revue par Hollywood, ici dans «Arabesque» de Stanley Donen. Toute aspérité s’est vue liftée.

DR.

La grande chance revint lorsque Vittorio de Sica lui proposa en 1961 «La Ciociara», une adaptation de Moravia. L’histoire mérite de se voir racontée. Sophia devait au départ jouer la fille et Anna Magnani la mère. Anna se récusa. Que faire? Une Sophia de 27 ans accepta de se vieillir pour la remplacer, une inconnue de 14 ans incarnant la fille. Et c’est ainsi que l’Italienne remporta son Oscar. Elle se remit dès lors volontiers représenter les femmes du peuple, que ce soit dans le drame ou la comédie. Elle excellait en effet dans les deux genres. La farce revue par Dino Risi ou par Alberto Lattuada pouvait d’ailleurs se révéler amère. Cinglante. Brutale. A cette époque, le cinéma transalpin n’avait pas peur d’amuser avec le malheur. De telles productions seraient inconcevables en 2024. Le rire est de nos jours presque aussi diabolique que dans «Le nom de la rose» d’Umberto Eco.

«Une journée particulière», tourné en 1977 par Ettore Scola dans des couleurs sans couleurs.

«Une journée particulière», tourné en 1977 par Ettore Scola dans des couleurs sans couleurs.

Capture d’écran

Carlo Ponti veillait cependant au grain. Il fallait que son épouse n’abandonne pas le côté international de sa carrière. Sophia se retrouva ainsi dans des superproductions généralement affreuses où l’on mélangeait des vedettes de toutes nationalités. La pire demeure sans doute «Cassandra Crossing» (qui commence à Genève), mais «La chute de l’Empire romain» tient selon moi du pensum (pour employer un mot latin). Il y avait bien des embellies comme «Arabesque», mais tout cela sonnait faux et pour tout dire daté. Le septième art était par ailleurs en train de se réformer. Sauf en Italie sans doute, où il tendait à disparaître sous les coups tardifs d’une télévision qui avait frappé bien plus tôt ailleurs. «Une journée particulière» d’Ettore Scola, où Sophia avait comme partenaire pour la douzième ou treizième fois Marcello Mastroianni, tenait dès lors d’un chant du cygne. Il n’y aurait guère de relève à Cinecittà, dont les protagonistes vieillissaient.

Sophia Loren il y a quelques années dans une de ses rares apparitions publiques très préparées.

Sophia Loren il y a quelques années dans une de ses rares apparitions publiques très préparées.

Keystone.

Depuis lors, Sophia a un peu tourné. Pas très bien, je dois le dire. Elle s’est tournée vers les siens. La femme a peu tenu à s’exprimer, contrairement à Brigitte Bardot qui pousse régulièrement un coup de gueule. Elle a pourtant écrit après un livre de cuisine des mémoires n’ayant pas fait date. Il lui a aussi fallu lutter contre les stigmates du temps. Difficile quand on a été considérée par beaucoup comme «la plus belle femme du monde». La soixantaine et même la septantaine ont été préservées avec beaucoup de soins et sans doute un brin de chirurgie. Puis est venu le grand âge, avec des photos cruelles qu’il n’aurait sans doute pas fallu publier. Dernière nouvelle, Sophia se fracturait fin 2023 à Genève (où elle aura finalement beaucoup vécu) dans sa salle de bains. Soins intensifs, puis soins tout court et convalescence. Le crépuscule est désormais là, mais soyons justes. Cela aura été au soir d’une journée non pas particulière mais particulièrement bien remplie. Il n’y aura pas davantage de seconde Sophia Loren qu’il n’a existé de deuxième Maria Callas.

Newsletter

«La semaine d’Etienne Dumont»

Chaque vendredi, retrouvez l’actualité culturelle croquée par le célèbre journaliste.

Autres newsletters

Se connecter
Né en 1948, Etienne Dumont a fait à Genève des études qui lui ont été peu utiles. Latin, grec, droit. Juriste raté, il a bifurqué vers le journalisme. Le plus souvent aux rubriques culturelles, il a travaillé de mars 1974 à mai 2013 à la «Tribune de Genève», en commençant par parler de cinéma. Sont ensuite venus les beaux-arts et les livres. A part ça, comme vous pouvez le voir, rien à signaler.Plus d'infos

Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Ähnliche Shots
Nachrichtenarchiv
  • Valencia
    Valencia
    Grazie Vale! Stage set for the last dance in Valencia - ToysMatrix
    14 Nov 2021
    1
  • David Grusch
    David Grusch
    David Grusch, der Whistleblower kleiner grüner Männchen
    27 Jul 2023
    8
  • Neujahr 2022
    Neujahr 2022
    Whatsapp-Sprüche für Neujahr 2022: Schöne und lustige Wünsche und Videos zum Versenden
    31 Dez 2021
    3
  • Megan Thee Stallion
    Megan Thee Stallion
    Lanez condamné à 10 ans pour avoir tiré sur Meghan Thee Stallion
    9 Aug 2023
    6
  • Schweiz Italien
    Schweiz Italien
    EM 2024: Wie die Schweiz im Achtelfinal Italien schlagen kann
    28 Jun 2024
    11
  • Wann ist Vatertag 2023
    Wann ist Vatertag 2023
    Vatertag 2023: Die schönsten und lustigsten WhatsApp-Sprüche für ...
    18 Mai 2023
    3
Die meist populären Shots dieser Woche