Avec PJ Harvey et The National, une soirée « indie rock ...

Avec l’icône du rock britannique des années 1990 et l’un des meilleurs groupes de rock alternatif américain des années 2000, le rock indépendant battait son plein mardi soir au Montreux Jazz Festival. PJ Harvey puis The National ont joué près de 40 chansons à eux deux.

A ceux qui se demandaient si le rock était parfois mort sur les affiches de certains festivals de musique, le MJF répond négativement avec panache et exclusivité. Le rendez-vous montreusien du chanteur du Dorset et du groupe de l’Ohio établi à New York était, en effet, la seule date en Suisse de leurs tournées respectives en cours en Europe.

Un double concert donc très attendu par les fans de « indie rock » sur la majestueuse scène du lac. La soirée estivale a débuté avec Polly Jean Harvey, 54 ans et 30 ans de carrière, dont c’était la quatrième apparition au MJF après 2001, 2004 et 2016.

La chanteuse anglaise la plus emblématique du rock alternatif des années 90, adulée depuis ses débuts par Kurt Cobain et Nick Cave, apparaît avec quatre musiciens, dont son plus fidèle complice John Parish. Elle débute avec des chansons de son dernier album intimiste, ‘I Inside the Old Year Dying’ – dont le titre est inspiré de Shakespeare -, sorti en 2023 après sept ans de silence et influencé par son recueil de poèmes ‘Orlam’.

Enchanteresse

Ambiance folk-rock, imprégnée de la campagne de son Dorset natal. Entre douceur et incantation, sa voix déambule sur des notes pastorales, poétiques, voire bibliques. Dans une robe blanche aux motifs de son dernier album (fines branches d’arbres et oiseaux en noir), elle déhanche de manière habitée avec une gestuelle à la fois théâtrale et minimaliste. Le public se laisse envoûter.

Au total, elle déroule avec sobriété et élégance 18 titres issus de la moitié de ses douze albums, si l’on compte les deux disques avec John Parish. Mais elle propose aussi des moments plus électriques et rebelles, notamment avec des morceaux issus de ses deux premiers albums plus sauvages, ‘Dry’ (1992) et ‘Rid of me’ (1993). Sans oublier des titres de ‘To Bring You My Love’ (1995) ou du très politico-poétique et engagé ‘Let England Shake’ (2011).

Énergie et magie

Après une heure et quinze minutes de concert du chanteur britannique, c’était au tour du leader du groupe The National, Matt Berninger et sa voix de baryton lascive, de faire son entrée vers 21h50 avec six musiciens. Il s’agissait de leur troisième apparition au MJF après celles de 2008 et 2012. Le groupe s’était fait connaître depuis 2005 en ouvrant pour des groupes eux aussi “indie”, Clap Your Hands Say Yeah, Editors et surtout REM.

La nuit est tombée. La scénographie est plus sophistiquée et explosive que le concert précédent. C’est parti pour près de deux heures d’énergie déjantée et 21 chansons tirées de huit de leurs dix albums parus depuis ‘The National’ en 2001 jusqu’au diptyque sorti l’an dernier, ‘First Two Pages of Frankenstein’ et ‘Laugh Track’.

Les fans apprécient le cocktail sonore, avec cinq titres issus d’un de leurs meilleurs albums, ‘High Violet’ (2010), et les incontournables ‘Terrible Love’, ‘Bloodbuzz Ohio’ et ‘Conversation 16’. Mais aussi plusieurs chansons de l’album ‘Trouble Will Find Me’ (2013), et notamment ‘I Need My Girl’, dédié ce soir-là à PJ Harvey, ainsi que le tube ‘Fake Empire’ de l’album ‘Boxer’ (2007). Les deux albums de 2023 occupent également une bonne place.

La magie opère à plein régime. Matt Berninger, en « gentleman-leader » décontracté, communique constamment avec le public. Il descend également de scène à deux reprises pour se promener et chanter dans la foule. Le concert se termine après 23h30 avec « Vanderlyle Crybaby Geeks » repris en chœur et dans son intégralité par les spectateurs, a cappella, avec seulement deux guitares.

/ATS