Européennes 2024 : Marion Maréchal et Reconquête décrochent de ...

Fondé il y a moins de trois ans, Reconquête prend un peu plus d'épaisseur, en envoyant au moins quatre de ses membres au Parlement européen. Selon les estimations d'OpinionWay à 22 heures, la liste conduite par Marion Maréchal a en effet franchi le seuil crucial de 5 % des voix (5,4 %) aux élections européennes, ce qui constituait l'objectif premier du parti d'Eric Zemmour.

La nièce de Marine Le Pen siégera donc à Strasbourg en compagnie du vice-président du parti Guillaume Peltier et de l'eurodéputé sortant Nicolas Bay. Mais aussi de Sarah Knafo, compagne et éminence grise d'Eric Zemmour lors de la dernière campagne présidentielle.

Zemmour s'en prend au RN…

Un résultat satisfaisant, et un soulagement au terme d'une campagne en demi-teinte. Axée sur lutte contre l'immigration, « l'islamisation » et « l'enfer fiscal », cette dernière a connu des difficultés à exister face au Rassemblement national, qui caracolait en tête des sondages tandis que ceux de Reconquête n'ont jamais décollé.

Surtout, la stratégie à adopter contre la liste de Jordan Bardella a donné lieu à des tensions croissantes en interne. Comme lors de l'élection présidentielle, Eric Zemmour a martelé que le vote RN était « inutile », estimant qu'il servait in fine les intérêts de la majorité présidentielle. Avec, toujours, l'ambition de réaliser une union des droites, en ayant assez d'influence pour peser dans les discussions.

…Maréchal ménage ses coups

Marion Maréchal, de son côté, a largement retenu ses coups, préférant les porter contre LR, alors que les deux partis se disputent l'électorat de droite conservatrice. D'autant qu'en 2022, Eric Zemmour avait réalisé un meilleur score que Valérie Pécresse lors de la présidentielle. Sur ce point l'essai n'est pas transformé, puisque la liste de François-Xavier Bellamy se situe quelques longueurs devant (7 %).

En toile de fond, la rumeur d'un retour de Marion Maréchal au Rassemblement national - notamment en cas de défaite lors de ces européennes a également exacerbé les crispations au sein de Reconquête. « Je ne vois pas pourquoi… Franchement, je n'imagine pas qu'elle puisse aller à l'encontre de ses convictions », a évacué Eric Zemmour, vendredi sur Europe 1 et C News.

La dissolution change la donne

Reste à savoir si l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron est susceptible de changer la donne. A l'issue des nouvelles élections, les 30 juin et 7 juillet prochains, le RN pourrait devoir se trouver des alliés à l'Assemblée. A première vue, Reconquête pourrait en faire partie.

Mais cela dépendra de plusieurs facteurs. Côté Reconquête, difficile d'envisager une campagne menée contre le RN pour ensuite former une coalition. En outre, les relations entre les deux formations n'ont jamais été bonnes, le parti de Marine Le Pen ayant moyennement goûté le départ de certains de ses cadres vers Reconquête.

Enfin, le RN devrait être tenté de temporiser, puisque son rival n'est en aucun cas assuré d'obtenir des députés : bien qu'ayant obtenu plus de 7 % des voix à l'élection présidentielle, Eric Zemmour avait lui-même échoué à se faire élire dans le Var, en 2022.