Eric Zemmour parie sur Marion Maréchal pour sauver son parti aux ...

C'est chose faite. Pressentie pour prendre la tête d'une liste Reconquête aux élections européennes de 2024, Marion Maréchal a été chargée mercredi par Eric Zemmour de mener la bataille des européennes. Une mission de taille tant ce scrutin est important pour le parti d'extrême droite qui n'a pas su transformer son score de la présidentielle (7 % des voix) en sièges aux législatives suivantes.

Sans aucun député au Palais-Bourbon, le parti de l'ancien polémiste peine à s'ancrer dans le paysage politique tout en revendiquant près de 100.000 adhérents. L'obtention de députés européens lui est essentielle pour continuer d'exister. Reconquête est crédité d'environ 7 % d'intentions de vote dans un récent sondage Ifop pour « Le JDD ». Un gain modeste mais indispensable pour espérer exister face au Rassemblement national mené par Jordan Bardella.

Mais la concurrence est forte. Le président du parti, Jordan Bardella, aussi tête de liste du RN aux européennes, souhaite « fédérer tous ceux qui pensent que la France a encore une identité à assumer, une fierté à défendre », allant même jusqu'à citer « les déçus d'Eric Zemmour ». De l'intérêt pour Reconquête de lui opposer Marion Maréchal, considérée en interne comme plus jeune et dynamique, mais aussi capable de tendre vers un autre électorat, celui de LR, en investissant des thèmes sociétaux. Au risque de délaisser les sujets du quotidien, comme le pouvoir d'achat ou l'inflation, principales sources d'inquiétudes des Français.

La fameuse « union des droites », l'un des thèmes chers à Eric Zemmour, devrait logiquement être au coeur de la stratégie pour cette campagne. « Il ne faut pas parler aux autres partis mais aux autres Français », préconise Samuel Lafont, en charge de la stratégie numérique de Reconquête.

« Le RN, c'est le néant idéologique. Ils n'ont pas de vision européenne en dehors de clamer qu'ils vont faire un gros score. Nous nous adressons à tout le spectre de l'électorat de droite même si notre priorité, ce sont les électeurs des Républicains », complète Nicolas Bay, vice-président exécutif de Reconquête et ancien du RN. « Eric Zemmour n'est pas dans la politique à l'ancienne, il est capable de faire monter une jeune génération avec de l'expérience pour défendre une vision civilisationnelle de l'Europe que nous sommes les seuls à porter », ajoute cet eurodéputé qui devrait figurer en bonne place sur la liste de Marion Maréchal.

Principal angle d'attaque, la dénonciation du « grand remplacement » qui se jouerait aussi à l'échelle de l'Union européenne. Une antienne sur laquelle Eric Zemmour a construit sa propre notoriété puis son offre politique à la dernière élection présidentielle. « Nous voulons faire comprendre aux électeurs que voter Reconquête, c'est un vote d'urgence vitale », appuie Sarah Knafo, bras droit d'Eric Zemmour en charge de la stratégie, dont la présence définitive sur la liste n'aurait pas été encore arbitrée. Le parallèle avec la campagne d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), axée sur l'urgence climatique, est régulièrement cité en exemple au sein de l'état-major de Reconquête.

Ce choix d'une ligne identitaire aurait été décidé en étroite collaboration entre Eric Zemmour et Marion Maréchal. « Ils ont élaboré ensemble l'entretien au « Figaro » qui annonce la candidature de Marion puis son intervention au '20 Heures' de TF1 », précise un cadre de Reconquête. Manière de couper court aux rumeurs récurrentes d'une lutte intestine pour le pouvoir au coeur du parti.

Interrogée sur le plateau de TF1, Marion Maréchal a pris soin d'associer l'ancien prétendant à l'Elysée à cette annonce : « Je suis heureuse de travailler avec lui en complémentarité, lui qui sera notre candidat naturel, bien sûr, pour les élections de 2027 », a-t-elle voulu rassurer d'emblée. Si la composition de la liste doit refléter les rapports de force au sein du mouvement, personne ne doute au sein du parti qu'Eric Zemmour investira bruyamment le terrain médiatique.