Ces chansons qui se paient Jean-Marie Le Pen
Publié8. janvier 2025, 06:22
Musique: Ces chansons qui se paient Jean-Marie Le Pen
Des dizaines d'artistes se sont mobilisés contre le leader du Front national et sa politique dans des textes parfois restés mythiques. Tour d'horizon.
Au Royaume-Uni, le rock'n'roll a hurlé son rejet de Margaret Thatcher. En France, des artistes musicaux ont, eux, dénoncé les idées de Jean-Marie Le Pen dès les années 80. Alors que le cofondateur du Front national (FN) est décédé à 96 ans, on revient sur ces chansons qui ont fait l'actu, à commencer par celle des Bérurier Noir, «Porcherie», devenu un hymne contre l'extrême droite.
En 1984, le FN réalise son plus gros score dans une élection nationale. En réaction, le groupe de punk sort un morceau anticapitaliste, antiétatiste, antifasciste. «Flic-armée, porcherie / Apartheid, porcherie / DST, porcherie / Et Le Pen, porcherie», répète Fanfan, le chanteur.
Ce n'est que quatre ans plus tard, quand Jean-Marie Le Pen obtient 14% des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle, que naît le célèbre slogan des Bérurier Noir: «La jeunesse emmerde le Front national». Loran, le guitariste, ajoute deux riffs à la fin de «Porcherie». «L’idée derrière, c’était que le public lui-même se mette à chanter le slogan que tout le monde connaît, alors qu’il n’est pas présent sur la version originale», expliquera plus tard. La version live, que l'on trouve sur l'album «Viva Bertaga», publié en 1990, est, depuis, un classique des mobilisations contre l’extrême droite.
Avec «Plus jamais ça», NTM tape fort en 1995. Sans jamais citer Jean-Marie Le Pen ni le Front national, Joeystarr et Kool Shen exhortent la jeunesse à se ressaisir et à faire front. «Voilà pourquoi je fais front, fronçant les sourcils / Quand le sénile s'amuse à faire un score de 25% dans ma ville / Non plus jamais ça, stoppons tout ça / Stoppons l'hémorragie, cérébrale est l'embolie / Vous avez compris / Vous avez saisi, ressaisissez-vous / La jeunesse se doit d'être à l'heure, au rendez-vous / Fixer, en effet, pour pisser sur la flamme tricolore / Le putain d'étendard du parti des porcs».
«La bête JMLP» — comprenez par là Jean-Marie Le Pen — est un morceau de Zebda dévoilé la même année que «Plus jamais ça» de NTM. Les Toulousains y parlent d'un «individu» qui est «dangereux» et a «toutes les dents pointues». «À l'assemblée on lui dit / casse-toi dégage / Ici tu feras pas la loi / ta mère t'es que du vent».
Avec «La Flamme» (1998), Sinsemilia fait directement référence au logo du Front national et exprime ses peurs et sa colère face à la montée du fascisme. «La flamme a grandi, a grandi, a grandi / Dans trop d'endroits le feu a pris / Faut-il que tout l'pays brûle pour qu'on combatte l'incendie?»
«Sachons dire non» est une compilation anti extrême droite réunissant une partie de la scène rap à l'initiative de Monsieur R. Elle sort en 1998. Quatre ans plus tard, Jean-Marie Le Pen accède au second tour de l’élection présidentielle et les artistes décident de se mobiliser à nouveau. Sniper, Abd Al Malki, Arsenik, Diam's ou encore Disiz retournent en studio et dégainent un freestyle de dingue appelé «La lutte est en marche».
C'est aussi en réaction à la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour en 2002 que Damien Saez écrit «Fils de France». La chanson est publiée dès le lendemain du choc. «J'ai vu, les larmes aux yeux, les nouvelles ce matin / 20% pour l'horreur, 20% pour la peur», commence-t-il avant d'appeler à la résistance.
En 2003, IAM dévoile, sur son album «Revoir un printemps», «21/04» en référence à l'événement survenu un an plus tôt. «Ils ont voté pour un facho / C'est pas un vote contestataire quand on connaît Dachaux», rappe Freeman.
Enfin, dans «Tout le monde (il est beau)», sorti, en 1998, Zazie pose des paroles qui invitent à la tolérance, en citant des dizaines de prénoms aux origines diverses. Une phrase résume sa pensée: «Quitte à faire de la peine à Jean-Marie».