«Dans 30 secondes, on est tous morts» : Dorothée Olliéric se confie ...
Publié le 26 janvier à 19h03, mis à jour le 26 janvier à 19h07
VIDÉO - La journaliste couvrait le coup d’État qui a renversé Mohamed Morsi en 2013 quand des militaires lui ont bandé les yeux avant de l’aligner, comme tous les membres de son équipe, contre un mur.
C’est au moment du brunch que Dorothée Olliéric a raconté l’une des expériences les plus marquantes de sa carrière. Très vite après l’obtention de son diplôme, elle devient reporter de guerre pour France 2. La journaliste couvre de nombreux conflits au Cambodge, en Afghanistan, au Congo. Le dernier en date, c’est l’Ukraine. «Ça dure, ça devient de plus en plus dangereux», confie-t-elle dans le numéro d’«Un dimanche à la campagne» de ce 26 janvier.
Le 17 d’août 2013, suite au coup d’État militaire qui a renversé Mohamed Morsi, l’Égypte est en état d’urgence et dans une instabilité politique totale. Dorothée Olliéric est prise à partie par la foule en colère. «Pauvres journalistes, on doit payer pour toutes les déclarations», analyse-t-elle. «Je suis terrifiée et ce sont les militaires qui vont nous sauver», commence à raconter la journaliste.
La suite de son récit est tout aussi glaçante. Toute son équipe a les yeux bandés : «Mon foulard est mal mis donc je peux voir des graviers au sol. On est tous face à un mur de briques. Et là je me dis, c’est fini. Dans 30 secondes, on est tous morts». Ils entendent les armes se charger. Elle pense à ses enfants.
Tant qu’à mourir autant mourir dignement donc je ne vais pas supplier.
Dorothée Olliéric dans «Un dimanche à la campagne»
«Ils avaient 10 et 12 ans à l’époque. Je me dis que cet âge va être marqué au fer rouge. Je m’en veux de leur faire vivre ça, mais d’un autre côté je me dis que j’ai fait ce métier pendant plus de 20 ans. Je l’ai aimé passionnément. Ça se termine mal, mais quelque part c’était mon choix», explique-t-elle face à ses compagnons du week-end, l’humoriste Donel Jack’sman et le chanteur Dany Brillant.
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«Tant qu’à mourir autant mourir dignement donc je ne vais pas supplier, je ne vais pas pleurer, je ne vais pas craquer. C’était en réalité un simulacre de mise à mort pour terroriser les journalistes, ceux qui critiquent», explique Dorothée Olliéric qui ajoute : «ça s’est bien terminé, je ne suis pas traumatisée par ça».
De ses récits de guerre, la journaliste assure «ne pas raconter à la maison les pires moments». «Sinon ça serait trop lourd de repartir. À chaque fois qu’on part on se dit “et si je ne revenais pas ?” mais on y va car c’est un métier de passion», analyse Dorothée Olliéric.
C’est «l’envie viscérale d’être là où l’histoire s’écrit, là où l’histoire est en marche» qui la pousse à prendre de tels risques. «Tous les sentiments sont exacerbés. Des sentiments de solidarité, de courage, d’amour, d’amitié, de frayeur, d’humanité. Tu te confrontes à des choses extrêmement positives parce que des gens te bluffent», conclut-elle.
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