Métaux rares, uranium… Qu'est-ce qui intéresse Donald Trump au ...
Depuis plusieurs années, l'île attise les convoitises des entreprises minières pour son sous-sol qui contient parmi les plus importantes réserves au monde de métaux rares et d'uranium. Alors que les Chinois ont étendu leur influence au Groenland, les Américains veulent reprendre la main sur ce territoire danois.
Donald Trump Jr. s'est rendu mardi 7 janvier, dans le cadre d'une une visite privée, au Groenland, territoire autonome du Danemark convoité par son père. "Le Groenland est un endroit incroyable et ses habitants, s'ils deviennent, et quand ils deviendront, une partie de notre nation, en tireront un énorme bénéfice (…) MAKE GREENLAND GREAT AGAIN!" ("Rendez sa grandeur au Groenland"), a écrit lundi Donald Trump sur son réseau Truth Social.
"Le Groenland est aux Groenlandais", a répliqué la Première ministre danoise Mette Frederiksen sur la chaîne danoise TV2 à l'arrivée de Donald Trump Jr. à l'aéroport de Nuuk, mardi.
Un territoire convoité depuis plus de 150 ans
Cet intérêt de Donald Trump pour la plus grande île du monde n'est pas nouveau. En 2019 déjà, avant la pandémie mondiale, celui qui était alors le 45ème président américain avait envisagé d'acheter le territoire qui est sous souveraineté danoise depuis 1814.
Encore plus avant, c'est l'ancien président américain Harry Truman qui avait des vues sur le Groenland qui, il est vrai, appartient sur le plan géographique au continent nord-américain. La Maison Blanche, motivée par des intérêts de défense stratégiques, avait alors fait une offre d'achat de 100 millions de dollars au Danemark qui l'avait refusée. Le pays scandinave avait déjà repoussé une offre similaire en 1867 quand l'Amérique d'Andrew Johnson avait souhaité acquérir le territoire après le rachat de l'Alaska à la Russie pour 7 millions de dollars.
Le territoire autonome danois, qui cherche à gagner en souveraineté mais reste financièrement dépendant de Copenhague, attise les convoitises pour ses ressources naturelles -bien que la prospection pétrolière et l'exploitation de l'uranium y soient interdits- et pour son importance géostratégique -les États-Unis y ont déjà une base militaire.
"Ce qui est inquiétant, c'est la manière dont Trump (père) parle des relations internationales et cela peut empirer s'il commence à 's'emparer des pays'", estime auprès de l'AFP Ulrik Pram Gad, spécialiste du Groenland à l'Institut danois des études internationales.
Des réserves immenses et concentrées
L'intérêt économique de l'île est connu depuis longtemps. La société d'exploitation minière Kobold Metals par exemple, qui est soutenue par les milliardaires Bill Gates, Jeff Bezos et Michael Bloomberg, a signé en 2021 un accord avec Bluejay Mining afin d'accélérer l'extraction de ressources rares de l'île qui compte à peine 56.000 habitants.
Le sous-sol du Groenland regorge de fer, de plomb, de zinc, d'or, de nickel, de platine et de métaux rares indispensables pour la production de batteries électriques et d'éoliennes.
Le site géologique de Kvanefjeld, découvert dans les années 50, situé au sud du Groenland, est connu pour être l'une des plus importantes réserves de minéraux au monde. Ce territoire de la même superficie que Paris abrite la deuxième réserve au monde de métaux rares et la sixième pour l'uranium.
C'est la société australienne Greenland Minerals, contrôlée par le groupe chinois Shenghe Resources, qui l'exploite depuis 2016. Mais de nombreuses autres licences d'exploitations ont été accordées au Groenland ces dernières années. De moins de 20 au début des années 2000, le nombre d'entreprises autorisées à extraire les minerais a grimpé à 141 en 2022. Cette seule année, ce sont 84 permis d'exploration qui ont été accordés par le gouvernement du Groenland.
Pour le moment, il s'agit principalement d'exploration plus que d'exploitation commerciale. Mais avec le réchauffement climatique et la fonte des zones glacées de l'Arctique, les compagnies minières y voient l'opportunité d'ouvrir de nouvelles routes commerciales depuis l'île.
Et alors que de nombreuses compagnies chinoises font les yeux doux au Danemark depuis plusieurs années, comme une offre de prêt pour construire au Groenland deux aéroports, les Américains veulent reprendre la main sur l'île. Quitte, semble-t-il désormais, à l'annexer par la force.