« J'en ai un souvenir ému » : les confidences de Claude Lelouch à ...
Le réalisateur Claude Lelouch sera à l’honneur du prochain Festival du cinéma français et gastronomie d’Aix-les-Bains. En pré-ouverture, son ciné-concert symphonique retraçant les musiques de ses plus grands films sera projeté au centre des congrès. Le réalisateur s’est confié lors d’une première visite dans la cité thermale.
Comment est venue l’idée de ce ciné-concert ?
« Des gens sont venus vers moi en me rappelant l’importance de la musique dans mes films, c’était le déclic. C’est évident. J’ai fait 51 films, et je pense qu’il y a une chanson dans chaque qui porte le titre du film. On est parti des séquences cultes, dont les gens se souviennent, et c’est donc un grand voyage dans ces 60 ans de cinéma que j’ai eu la chance de faire.
La musique est donc vraiment très importante dans votre travail ?
La musique est l’acteur principal de mes films. J’en ai besoin, elle parle à tout le monde. Celui qui écoute la musique n’écoute pas les paroles, la musique lui permet de travailler son imagination. Il n’y a pas besoin de culture préalable pour l’écouter, c’est comme le cinéma. J’ai compris très vite que le cinéma et la musique seraient le couple idéal pour moi. Mon métier est de faire rêver, et comme on ne meurt pas d’overdose de rêve, j’en ai profité !
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Quel rapport avez-vous avec Aix-les-Bains ?
Je connais bien la ville. Quand j’avais 5 ans, en 1942, je me suis caché à Aix et au mont Revard avec ma mère car nous étions recherchés par la Gestapo. On est restés environ un mois ici et j’en ai un souvenir ému. Puis j’ai fait mon service militaire au Bourget-du-Lac, et on tournait en hélicoptère au-dessus du Revard. J’ai plein de petits souvenirs. Je suis ensuite revenu deux ou trois fois en tant que touriste.
Comment s’est nouée la collaboration avec le festival ?
À chaque fois qu’on m’invite, j’ai tendance à dire oui ! Quand on m’a proposé de venir ici, j’ai donc dit oui, avec en plus la nostalgie de cette période où j’étais caché dans la région. Si mon emploi du temps le permet, j’aime aller à rencontre du public, c’est lui le vrai producteur de nos films. Je ne rate jamais une occasion de lui dire merci et de le rencontrer.
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Aix pourrait-elle vous inspirer pour un prochain film ?
Tout est possible ! Mes films sont des films d’observation, le résultat des hommes et femmes que j’ai observés. Certains m’ont plus intéressé que d’autres et j’en ai fait des films. Tous mes personnages, je les ai plus ou moins rencontrés. Les dialogues, je les ai plus ou moins entendus. J’essaie dans mes films de mettre le résultat de ces observations, de ce monde qui me fascine. Quand j’étais petit, à Aix justement, j’ai sauvé de la noyade une petite fille avec qui je jouais près d’une fontaine. C’est drôle car 30 ans plus tard, elle est devenue mon attachée de presse à Paris. On se croirait dans un film de Lelouch ! »