Aufregerthemen Schliessen

«Blue Monday»: quand la tristesse inspire la langue française

Blue Monday quand la tristesse inspire la langue française
«Désespoir», «spleen», «papillons noirs»... Le vocabulaire français regorge de mots savoureux liés au sentiment de mélancolie.

«Désespoir», «spleen», «papillons noirs»... Le vocabulaire français regorge de mots savoureux liés au sentiment de mélancolie.

Il est 16h30, le ciel s’obscurcit en cette pluvieuse journée d’hiver. Noël, réveillon de la Saint-Sylvestre, Épiphanie. Ces fêtes ne sont plus qu’un lointain souvenir. Famille, amis. Tous ceux qui nous sont chers au cœur sont repartis vivre leur quotidien aux quatre coins de France. Quand, seul, sur le perron de la maison, nous viennent ces quelques mots:

À découvrir

«Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,

Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;

Je promène au hasard mes regards sur la plaine,

Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.» (Alphonse de Lamartine, L’isolement, 1820)

La tristesse a inspiré nombre de nos grands artistes. Les peintres l’ont esquissée à travers le portrait d’une éplorée, les auteurs-compositeurs l’ont scandée dans une chanson mélancolique et les poètes l’ont décrite en mille mots. Employés de Musset à Apollinaire, nombreux sont les termes de notre vocabulaire à qualifier la tristesse, le chagrin. Par leur beauté folle, ils teintent d’une lueur d’espoir l’émotion qu’ils désignent.

Nostalgie, mélancolie…

Entre «désolation» (du bas latin «desolatio», «destruction») et «désespoir», qui depuis le XIIe siècle désigne la perte de l’«espoir» (du latin «sperare», «considérer comme devant se réaliser»), désigner la prise de conscience d’une situation sans issue revêt différentes formes. Aussi, dès le Xe siècle, parle-t-on de «peine», qui, du grec «poinê» («réparation, expiation, châtiment», puis «souffrance»), qualifie la souffrance de l’esprit, ou de «chagrin», à partir du XIVe siècle. Emprunté au turc «sagrï» qui désigne la croupe d’un animal et que l’on retrouve dans la locution «peau de chagrin» («qui diminue»), ce déverbal de «chagriner» («grincer des dents”) signifie «attrister». C’est cette même idée de profonde tristesse que l’on retrouve dans l’autre déverbal, «navrement», qu’emploie François Baculard d’Arnaud dans Epreuves du sentiment (1773).

À lire aussiLe Peintre de la vie moderne: le chef-d’œuvre oublié de Baudelaire

Dans ce pot-pourri représentatif de la richesse syntaxique de la langue française, il est deux termes à ne pas confondre. La «nostalgie» (du latin «nostalgia», «mal du retour»), qui qualifie étymologiquement la tristesse due à l’éloignement. On est nostalgique de son pays, comme on regrette d’en être parti. Et la «mélancolie», qui dans le vocabulaire littéraire courtois exprime un registre d’états et de sentiments divers. C’est-à-dire aussi bien l’inquiétude, que la folie, la fureur ou le délire. Du latin «mélancolia», le terme désigne à l’origine l’«humeur noire», passagère, ainsi que la «maladie engendrée par la bile noire» dans d’autres langues. Le Trésor de la langue française explique que l’acception du terme en sons sens psychologique, et non médical, est propre au français.

Le «spleen» de l’écrivain

Qui de mieux que les artistes des mots, faiseurs d’images et créateurs de sens, pour traduire ce profond mal de vivre? En 1857, dans Les Fleurs du mal, Baudelaire introduit un nouveau terme pour désigner le sentiment d’asthénie morale: le «spleen». Tiré du grec ancien «splên» («rate»), ce mot est utilisé en anglais pour nommer l’organe duquel la bile noire est produite. Cette maladie était, à l’époque, observée en tant que principale cause de la mélancolie.

Ce n’est pas le seul terme imagé à apparaître dans le lexique baudelairien, puis à intégrer le français. Au sein du même recueil, le poète écrit à propos du démon:

«Parfois il prend, sachant mon grand amour de l’Art,

La forme de la plus séduisante des femmes,

Et, sous de spécieux prétextes de cafard,

Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.»

Synonyme de «blatte», le «cafard» est tiré de l’arabe «kafir» («personne peu croyante») pour désigner l’insecte de couleur noire qui fuit la lumière. Par métaphore, le «cafard», de même que le «papillon noir», désigne la lassitude, la mélancolie passagère. L’argot des tranchées, lui, a préféré parler de «bourdon». Du «vague à l’âme», expression faisant référence à l’espace intrinsèque que l’on se figure comme vide, au «serrement de cœur», la mélancolie n’a pas fini de nous tirer des larmes.

Ähnliche Shots
  • James Ferris Hypnosis Blue Monday
  • Blue Monday Finding Comfort Solace and Joy in Winter
  • Braving The Blue Monday Blues  Chapter  18  Power Of Railwayism
Nachrichtenarchiv
  • Schachtar Donezk
    Schachtar Donezk
    Schachtar dreht Spiel gegen Bern und holt den ersten CL-Sieg
    6 Nov 2024
    2
  • Claude Lelouch
    Claude Lelouch
    Claude Lelouch: "J'ai très vite compris que le cinéma était mieux ...
    23 Apr 2024
    3
  • Demo Berlin
    Demo Berlin
    Schutzkonzept nicht umgesetzt - Polizei löst Corona-Demonstration in Berlin teilweise auf
    28 Aug 2020
    4
  • Toni Söderholm
    Toni Söderholm
    Toni Söderholm wird SCB-Trainer – Die Berner schnappen sich den Nationaltrainer Deutschlands
    16 Nov 2022
    4
Die meist populären Shots dieser Woche