Cinéma Culte: Bertrand Blier en 4 phrases et 4 films
Cinéma culte –
Bertrand Blier en 4 phrases (et 4 films)Le cinéaste qui fuyait les convenances n’a pas pu faire faux bond à celle, sotte, de mourir. Restent son mauvais esprit et ses bonnes répliques.
«Je meurs, barrez-vous!» La phrase est lancée par Michel Serrault, badaud bientôt cadavre lardé d’un couteau inconnu dans le bidon, mais on l’imagine bien dans la bouche de son auteur, Bertrand Blier. Mort à l’âge de 85 ans mardi 21 janvier, s’est-il au moment ultime retrouvé lui aussi «pas dans son assiette, un peu comme un lavabo qui se vide», pour puiser parmi les dialogues désespérément absurdes de «Buffet froid», son meilleur film?
Auteur entre Beckett, Ionesco, Céline et Rabelais, le fils de Bernard, qu’il révérait et fit jouer souvent, est devenu cinéaste par accident – il avait écrit son roman «Les valseuses» avant de le porter à l’écran. En franc-tireur du verbe qui touche et qui mouche, il a mis dans la bouche de ses acteurs fétiches des dialogues qui, sans doute, sont plus souvent cités que ses films ne sont désormais vus. On en a puisé quatre dans sa tabatière.
«On n’est pas bien là? Paisibles, à la fraîche, décontractés du gland.» – Les valseuses (1974)
Depardieu au volant de la DS volée, Dewaere qui râle à ses côtés, Miou-Miou somnole sur la banquette arrière. Et le premier qui assène sa philosophie de la vie en une phrase contenant en elle seule l’espèce de nonchalance anar qui irradie le road trip des trois branquignolles. On ne sait pas où l’on va, mais on y va, en substance, et «on bandera quand on aura envie de bander.» Post-soixante-huitard, prépunk, le film choqua (et continue de choquer) pour sa grivoiserie, mais c’est bien son désespoir patelin qui secoue.
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Autoriser les cookiesPlus d'infos«Tu vas taire ta gueule et écouter Mozart avec nous!» – Préparez vos mouchoirs (1978)
Quatre ans plus tard, Blier retrouve le tandem Depardieu-Blier, mais l’installe dans une comédie acide et un nouveau «trouple» avec Carole Laure, inconsolable de ne pas avoir d’enfant. La fine équipe se retrouve dans une colonie d’ados à problème, dont l’un d’eux se chargera de mettre enceinte la jeune femme…
La thématique et son dénouement firent un nouveau scandale mais le ton est plus enjoué, plus proche d’une comédie franche, notamment dans cette scène extraordinaire où Michel Serrault surgit dans le salon où les deux copains écoutent Mozart à fond les ballons. Depardieu l’attrape par le pyjama et l’installe dans le fauteuil. Serrault: «Il est 3 heures du matin, je suis un petit commerçant fatigué, bouffé par les grandes surfaces et je ne peux même pas dormir à cause de votre musique! J’en ai rien à foutre de votre Mozart, je le connais pas ce mec-là!»
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Autoriser les cookiesPlus d'infos«Un coupable est beaucoup moins dangereux en liberté qu’en prison. En prison, il contamine les innocents.» – Buffet froid (1979)
Tout est dit dans cet aphorisme au cynisme glacé, renversant les rôles sociaux, les mélangeant comme dans ce film indépassable en forme de théâtre de l’absurde. Un chômeur, un tueur, un flic, un cadavre, une épouse, un métro vide, un immeuble abandonné, la nuit. Ce film nihiliste trouve sa raison d’être dans l’humour… froid que Blier oppose à l’absurdité de l’existence et à l’artificialité des codes sociaux. Quand enfin ils trouvent un bout de nature, Depardieu propose à Blier père d’écouter les oiseaux. «Justement, c’est louche, y en a pas!»
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Autoriser les cookiesPlus d'infos«Regarde-toi dans mes yeux, tu vas te trouver sublime.» – Tenue de soirée (1986)
Orchestrer la romance entre l’hénaurme Depardieu (a-t-on dit que Blier aimait beaucoup ses acteurs?) et le malingre Michel Blanc, sous les yeux entendus de Miou-Miou. Il fallait l’oser, Bertrand Blier l’a fait, barrant même d’un «Putain de film!» les affiches de cette oeuvre pour laquelle Blanc fut récompensé à Cannes. À juste titre. Car derrière le coup de boule de Blier dans les convenances du cinéma (et de la société de 1986), le réalisateur réussit une merveille de tendresse, certes désespérée mais magnifiée dans l’abandon fragile de Blanc et la fausse cuirasse de Miou-Miou face à l’ogre Depardieu. Le slip de ce dernier est à lui seul un personnage du film.
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