De nombreuses personnalités politiques à Auschwitz pour le 80ᵉ ...
Le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques découvraient l'inconcevable et libéraient le camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Exactement 80 ans plus tard, des dizaines de dirigeants sont réunis lundi pour commémorer la libération de l'ancien camp nazi.
Lundi matin, d'anciennes personnes détenues, accompagnées par le président polonais Andrzej Duda, ont déposé des fleurs devant le Mur de la mort du camp d'extermination et de concentration, où plus d'un million de personnes juives ont été assassinées, ainsi que plus de 100'000 sans confession juive.
Certaines portaient des écharpes à rayures bleues et blanches symbolisant leurs anciens uniformes de prisonnières. Au pied du mur, toutes et tous ont allumé des bougies à la mémoire des personnes exterminées, puis touché le mur avec une main, en silence.
Plus tard dans la journée, rescapées et rescapés ont pris part à la cérémonie principale, aux côtés de dizaines de dirigeants. Un survivant du camp âgé de 98 ans, Marian Turski, a pris la parole pour condamner la "montée énorme" de l'antisémitisme, appelant au "courage" pour s'opposer aux négationnistes et les théoriciens du complot.
>> Lire aussi : Auschwitz, camp nazi d'extermination, était libéré il y a 80 ans: témoignages de personnes rescapées
"Empêcher le mal de gagner"
Parmi les dizaines de dirigeants réunis à Auschwitz-Birkenau figure le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont le pays se bat depuis trois ans contre l'invasion russe. Lui-même d'origine juive a déclaré, dans une allusion claire à la Russie: "La mémoire de l'Holocauste s'affaiblit progressivement. Et le mal qui tente de détruire la vie de peuples entiers existe toujours dans le monde".
"Nous ne devons pas permettre l'oubli. C'est la mission de chacun de faire tout ce qui est possible pour empêcher le mal de gagner", a ajouté Volodymyr Zelensky dans un communiqué, après avoir participé la veille à un hommage aux victimes de la Shoah dans le ravin de Babi Yar, à Kiev, site de l'un des plus grands massacres par balles de la Seconde Guerre mondiale, où plus de 33'000 personnes juives ont été exécutées en deux jours.
Emmanuel Macron a pour sa part fait une promesse: "Nous ne céderons rien face à l'antisémitisme sous toutes ses formes". Sur le livre d'or du Mémorial de la Shoah qu'il visitait lundi matin, le chef d'Etat a écrit: "L'universalisme de la France se nourrit de ces combats et se retrouve aussi dans cet imprescriptible."
Ces commémorations sont "un des derniers moments où nous pourrons tous bénéficier de la présence, des témoignages, de rescapés de la Shoah", a-t-on souligné dans l'entourage du président. Emmanuel Macron et son épouse Brigitte doivent participer à la cérémonie internationale, puis se rendront ensuite au pavillon français qui accueille depuis 1979 une exposition permanente de la France à Auschwitz, dédiée à la mémoire des victimes françaises déportées dans le camp.
L'antisémitisme n'a pas été vaincu en abattant les grilles d'Auschwitz. C'est un fléau qui a survécu à la Shoah.
Giorgia Meloni, présidente d'extrême droite du Conseil des ministres italien
Giorgia Meloni dénonce "la complicité du régime fasciste"
La Première ministre italienne d'extrême droite Giorgia Meloni a de son côté dénoncé "la complicité du régime fasciste" avec les nazis dans la persécution des juifs: "Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards arrachés à leurs maisons, obligés de tout abandonner (...) seulement parce que juifs. Un plan dont la férocité préméditée fait de la Shoah une tragédie sans équivalent dans l'Histoire. Un plan, conduit par le régime hitlérien, qui a trouvé en Italie la complicité du régime fasciste à travers les infâmes lois raciales, la chasse [aux juifs, ndlr.] et les déportations", a écrit Giorgia Meloni dans un message. Au total, près de 8000 personnes de confession juive, en provenance d'Italie, sont morts dans les camps de concentration.
>> Lire : Mussolini prononçait il y a 100 ans un discours plongeant l'Italie dans la dictature fasciste
"L'antisémitisme n'a pas été vaincu en abattant les grilles d'Auschwitz. C'est un fléau qui a survécu à la Shoah, pris des formes diverses et se propage à travers de nouveaux instruments et chemins. Combattre l'antisémitisme sous toutes ses formes, anciennes et modernes, est une priorité de ce gouvernement", a souligné la présidente du Conseil des ministres italien, dirigeante du parti post-fasciste Fratelli d'Italia. Elle est la dirigeante la plus à droite que l'Italie ait connu depuis 1945.
>> Lire : Derrière Fratelli d'Italia, le rapport ambigu de l'Italie au fascisme
Sans Poutine, ni Netanyahu
Ce jour de commémoration se déroule sans le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, tous deux sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Le premier car il est présumé responsable de crimes de guerre en Ukraine et le second car il est soupçonné de crimes contre l'Humanité et de crimes de guerre à Gaza.
Le dirigeant russe a rendu hommage lundi aux combattants de son pays pour avoir libéré le camp d'Auschwitz en janvier 1945: "Nous nous souviendrons toujours que c'est le soldat soviétique qui a écrasé ce mal terrible et total, et remporté la victoire dont la grandeur restera à jamais dans l'Histoire mondiale", a-t-il déclaré dans un message publié par le Kremlin.
Stéphanie Jaquet/boi et les agences