Colère de la rue après l'élection de Nicolas Maduro au Venezuela
Des manifestations spontanées rassemblant plusieurs milliers de personnes, ponctuées d'échauffourées avec les forces de l'ordre, ont éclaté lundi à Caracas au lendemain de la réélection du président vénézuélien Nicolas Maduro.
"Qu'il rende le pouvoir maintenant", ont lancé lundi des milliers de manifestants dans plusieurs quartiers pauvres de la capitale du Venezuela, certains brûlant des affiches à l'effigie du président, ont constaté des journalistes de l'AFP. "Le peuple est énervé. C'est la fraude la plus massive au monde", s'insurge Luis Garcia, 23 ans, dans la foule des protestataires à Pétaré, dans l'est de Caracas.
"Pour la liberté de notre pays ! Pour l'avenir de nos enfants, nous voulons la liberté, que Maduro s'en aille !", crie Marina Sugey, 42 ans. Les manifestants se dirigeaient vers le centre-ville quand les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes. Certains manifestants ont répondu par des jets de pierre. D'autres affrontements se sont produits dans les quartiers populaires de Catya et El Valle.
L'opposition revendique la victoire
Nicolas Maduro a été officiellement proclamé lundi président du Venezuela par le Conseil national électoral (CNE). "Les Vénézuéliens ont exprimé leur volonté absolue en élisant Nicolas Maduro", a déclaré son président, Elvis Amoroso.
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Selon les résultats du CNE, Nicolas Maduro, 61 ans, l'héritier de l'ancien président Hugo Chavez (1999-2013), a été réélu pour un troisième mandat consécutif de six ans avec 5,15 millions de voix (51,2%).
Le candidat de l'opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans, qui avait remplacé au pied levé Maria Corina Machado, déclarée inéligible, en a recueilli un peu moins de 4,5 millions (44,2%).
L'opposition, qui espérait mettre fin à 25 années de pouvoir chaviste, a aussitôt rejeté ce résultat. Maria Corina Machado, la cheffe de l'opposition, a indiqué lundi que l'opposition avait "la preuve de la victoire" après avoir réuni 73% des bordereaux de résultats des bureaux de vote. Selon ce décompte, Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu 6,27 millions de voix, contre 2,7 millions au président sortant Nicolas Maduro, proclamé vainqueur.
Maduro soutenu, mais aussi décrié
Si Nicolas Maduro a reçu le soutien de la Russie et de la Chine ainsi que de ses autres alliés habituels -Cuba, Nicaragua, Honduras et Bolivie-, les réactions négatives ou sceptiques ont afflué de la communauté internationale. Neuf pays d'Amérique latine (Argentine, Costa Rica, Équateur, Guatemala, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Uruguay) ont ainsi appelé lundi dans une déclaration commune à un "réexamen complet avec la présence d'observateurs électoraux indépendants".
Les États-Unis, par la voix du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, ont affirmé "sérieusement craindre que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien".
Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, et la France ont appelé à la "transparence totale" en publiant l'intégralité des procès-verbaux et des résultats, ce que réclame aussi l'opposition.
afp/lia