Exposition à Milan: Le Palazzo Reale montre la photo de Brassaï
– Le Palazzo Reale montre la photo de Brassaï
Organisée par le neveu de l’artiste la rétrospective de 200 œuvres des années 1930 ne comporte presque que des tirages originaux.
C’est l’un des maîtres de la photographie française. Le peintre et le sculpteur restent moins connus, ce qui aurait sans doute attristé Brassaï. L’homme se retrouve aujourd’hui au Palazzo Reale de Milan, ou du moins dans l’une de ses dépendances. La rétrospective actuelle se trouve en effet sur la piazza Duomo, au rez-de-chaussée, sous le Museo del Novecento. Un lieu souvent considéré comme secondaire, où j’ai cependant vu d’excellentes choses même si celles-ci manquaient de visibilité. Il ne faut donc pas s’étonner si la rétrospective Brassaï reste elle aussi quasi déserte.
Un Hongrois de Paris
Gyula Malász est né en 1899 à Brasov, dont il tirera en 1923 son pseudonyme de Brassaï. La ville était alors hongroise, et en tant que telle membre de l’Empire. Elle se trouve aujourd’hui en Roumanie. Comme les humains, les pays voyagent. Toute la carrière de l’artiste se sera néanmoins faite en France. Son père y était venu enseigner la littérature à la Sorbonne en 1904. Il n’y aura qu’une escapade à Berlin dans les années 20. Les villes donnant l’impression de bouger se trouvent toujours ailleurs. De Paris, le photographe montrera surtout la face sombre, ce qui aboutira en 1933 à la parution du légendaire ouvrage «Paris la nuit», avec ses petits délinquants, ses prostituées, ses bars et ses marginaux. Ce réalisme séduira paradoxalement les surréalistes. L’attraction des contraires, sans doute. Mais il faut préciser que Brassaï sera également le photographe des graffitis, expressions populaires alors sculptées dans la pierre, et non peinte sur des murs. Leur poésie brute avait sa place toute trouvée dans une revue comme «Minotaure».
C’est cette période que le visiteur retrouvera avant tout aux cimaises du Palazzo Reale, même si l’artiste a aussi beaucoup montré par la suite les différents ateliers de Pablo Picasso. Le public le fera presque uniquement avec des tirages «vintage», ce qui devient rare aujourd’hui dans une exposition historique dédiée au 8e art. Seules, les icônes de Brassaï constituent ici des retirages modernes. Il faut préciser que le commissaire de l’exposition s’appelle Philippe Ribeyrolle et qu’il s’agit du neveu de Brassaï. Ce dernier n’a eu à faire appel à aucun emprunt extérieur. Il s’agit ici d’un fonds familial, érigé en fondation. Une personne morale détenant aussi des dessins et des petites sculptures de l’homme dont certains font aussi partie de l’actuelle rétrospective.
Celle-ci, je le rappelle se termine plus ou moins à la déclaration de la guerre. Les apports postérieurs restent peu importants. Ils prennent souvent la forme de compléments. L’assistance retrouvera ainsi un Paris perdu, dont celui des maisons closes fermées en 1946. Il y a aussi des artistes, qui vont de Samuel Beckett à Leonor Fini en passant par Joan Miró et l’alors illustre coiffeur pour dames Antoine. Plus les fameux graffitis. Ils vont de ceux, antiques, de Pompéi aux cris de la rue moderne. Le tout compose sans incohérence une sorte d’univers intime, où l’insolite a sa place comme le criminel. Un univers à une seule personne. La rencontre avec Gilberte, qui deviendra Madame Brassaï, ne date en effet que de 1945.
Pratique
«Brassaï, L’occhio di Parigi», piazza Duomo, Milan, jusqu’au 2 juin. Tél. 0039 02 8846 5230, site https://palazzorealemilano.it Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 19h30, le jeudi jusqu’à 22h30.
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