Ce soir à la télé Sur Arte : « Julio Iglesias : amour, gloire et ...

Trois cents millions d’albums vendus en quatorze langues, 2 600 disques d’or ou de platine, cinq décennies de tournées… Le 23 septembre dernier, Julio Iglesias a fêté son 80e anniversaire, et s’il ne fait plus la une de la presse people depuis son retrait des studios en 2015, on ne peut que s’incliner devant la carrière exceptionnelle du bel hidalgo dont les paroles sirupeuses ont inondé les ondes françaises dans les années 1980 : « Vous les femmes, vous le charme, vos sourires nous attirent et nous désarment… » Qui aurait cru qu’on se serait laissé embarquer avec intérêt dans le sillage du latin lover aux costumes-cravates impeccables ?

Grâce à un montage d’archives particulièrement réussi, rythmé par les tubes du chanteur, Anne-Solen Douguet parvient à dérouler une trajectoire artistique et intime ancrée dans son époque et à dessiner le portrait d’une star moins lisse que ne le laissent paraître son sourire éclatant et son éternel bronzage.

Né à Madrid dans une famille bourgeoise, catholique et franquiste, l’étudiant en droit rêve de voyages et de célébrité, se voit en footballeur ou diplomate, avant d’être immobilisé par un grave accident de voiture. Sa longue convalescence, une guitare à la main, déclenche sa passion pour la musique.

Opportuniste et apolitique

Lorsqu’il envisage de postuler à 24 ans au Festival de Benidorm, le jeune ambitieux active les relations de son père médecin avec le régime franquiste. Le 17 juillet 1968, grâce à son talent et à son charme indéniables, il remporte le concours et se lance dans la voie de la chanson légère qui plaît aux jeunes sans déplaire au pouvoir en place.

Quel meilleur ambassadeur pour l’Espagne, restée longtemps à l’écart de la modernité, que ce séducteur à la voix de velours et au regard de braise ? Après la chute de la dictature, le chanteur soutiendra tous les gouvernements quel que soit leur bord, puis se lancera à l’assaut de l’Europe, de l’Amérique latine, des Etats-Unis et même de la Chine, peu regardant sur les régimes des pays qui l’accueillent.

Opportuniste, mais plutôt lucide sur son rapport à l’argent ou aux femmes, combinant un sens aigu des affaires à un apolitisme revendiqué, le crooner latino aura su séduire les foules autant que les grands de ce monde dont il n’a cessé de rechercher la proximité.

Vendredi 1er décembre à 22h25 sur Arte. Documentaire d’Anne-Solen Douguet (2022). 53 min. (Disponible en replay jusqu’au 28 mai 2024 sur Arte.tv).