Gestion de la crise du Covid-19 : les pays qui ont pris des mesures ...
Les scientifiques de 13 pays européens pointent les grands enseignements à tirer en cas de nouvelle pandémie, dans une étude publiée lundi par l'Institut Pasteur.
France Télévisions
Publié le 09/12/2024 15:36
Temps de lecture : 5minQuelles leçons peut-on tirer de la pandémie de Covid-19 en termes de taux de mortalité, de vaccination, ou d'économie ? L'Institut Pasteur a réuni les chercheurs de 13 pays européens pour étudier les conséquences sanitaires, sociales et économiques de la pandémie de Sars-Cov-2, dans une étude publiée lundi 9 décembre dans la revue BMC Global and Public Health. Objectif : dresser le bilan des mesures prises pendant la pandémie et établir les enseignements qui pourraient être retenus en cas de nouvelle crise sanitaire mondiale, explique l'Institut Pasteur dans un communiqué.
En résumé, les chercheurs ont conclu que "les pays qui ont pris des mesures tôt, alors que les hôpitaux n'étaient pas encore sous tension, sont ceux qui ont eu l'excès de mortalité le plus faible, et également ceux qui ont le mieux résisté au plan économique". Pour arriver à de telles conclusions, les scientifiques ont étudié les taux de surmortalité sur une période allant de janvier 2020 à juin 2022 en Belgique, au Danemark, en France, en Allemagne, en Irlande, en Italie, aux Pays-Bas, en Norvège, au Portugal, en Espagne, en Suède, en Suisse et au Royaume-Uni. Pour la première fois, ils ont appliqué une méthode permettant de contourner les effets de l'âge (le Covid-19 étant davantage mortel chez les personnes âgées). Ce qui permet de produire des comparaisons plus pertinentes entre ces pays, où la proportion de personnes âgées de 80 ans et plus pouvait varier de 3,4% en Irlande à 7,5% en Italie.
Les chercheurs ont ainsi conclu qu'entre le 27 janvier 2020 et le 3 juillet 2022, l'Italie a connu le taux de surmortalité le plus élevé, avec 2,7 décès en excès pour 1 000 habitants. Et ce, malgré le fait qu'elle ait été le premier pays d'Europe à confiner sa population, dès le 9 mars 2020, car les taux d'admission à l'hôpital pour Covid-19 étaient déjà très élevés. La moyenne des 13 pays étudiés se situait entre 0,5 et 1 décès en excès pour 1 000 habitants en Norvège, au Danemark, en Irlande et en Suède. Tous les autres pays (dont l'Allemagne, la Suisse ou la France) ont connu des niveaux intermédiaires de surmortalité, compris entre 1 et 2.
Les scientifiques ont évalué que plus les mesures de confinement ont été prises précocement, alors que les hôpitaux n'étaient pas encore remplis, plus la surmortalité a été faible. "On en avait l'intuition, mais on le documente ici avec des données objectives et robustes", explique Arnaud Fontanet, coauteur de l'étude et membre du Conseil scientifique Covid-19 de l'époque, auprès du Parisien.
Il cite notamment l'exemple du Danemark, qui a pris ses premières mesures restrictives alors que ses hôpitaux n'accueillaient que 10 malades du Sars-Cov-2, et affiche des taux de surmortalité très bas. A l'inverse, le Royaume-Uni est le pays étudié qui a pris les mesures les plus tardives et celui qui affiche le taux de surmortalité le plus important au début de la pandémie (entre janvier et juillet 2020).
Par ailleurs, les auteurs de l'étude ont analysé les conséquences de la vaccination sur la surmortalité. Dans ce domaine, la France et l'Italie se démarquent négativement, avec un taux de vaccination faible chez les plus de 80 ans, enregistrant "l'excès de mortalité le plus élevé entre mars et juin 2021", analyse Arnaud Fontanet auprès du Monde. Et ce, alors que "la surmortalité est restée stable dans la plupart des pays" étudiés, évoquent les chercheurs.
Ces derniers ont également étudié les conséquences des mesures de confinement sur l'économie de ces 13 pays. Ils en concluent que plus leur mise en œuvre a été tardive, plus les pertes de PIB ont été importantes sur l'année 2020, "ce qui suggère que la mise en œuvre précoce des mesures a eu un impact moindre sur l'économie que le report de leur mise en œuvre". Au vu de ces résultats, les scientifiques appellent les dirigeants à ne "pas retarder la mise en œuvre des mesures de confinement" pour les pandémies qui pourraient survenir à l'avenir.